4« Un roi sans divertissement est un homme plein de misères » : citation extraite des Pensées (1670, posth.) de Blaise Pascal (1623-1662). Cours de M. Berkane - Lycée Arcisse de Caumont (Bayeux) PRÉSENTATION ET SITUATION DU PASSAGE Les dernières pages du roman sont isolées de ce qui précède par un astérisque. Les vieillards,
Dictionnaire des citationsIl n'y a que les mots qui comptent, – le reste n'est que bavardage. [ Eugène Ionesco ] Chaque citation exprime les opinions de son auteur et ne saurait engager Dicocitations. citations février 26, 2012 Frédérick Jézégou Un Roi sans divertissement est un homme plein de misères. PascalLe Dico des citations← Nous vivons à une époque où, pour avoir du poids, il faut faire du passe une vie à remplir une maison ; et quand elle est pleine, on casse les choses pour pouvoir les remplacer, pour avoir quelque chose à faire le lendemain. On va même jusqu’à casser son couple pour se projeter dans une autre histoire, un autre futur, une autre maison. Une autre vie à remplir. → Une pensée sur “Un Roi sans divertissement est un homme plein de misères.” Cochonfuciusaoût 3, 2012 à 1009Permalink Facile pour lui de s'en créer. Commentaires fermés. © 2001- 2022 Frédéric Jézégou - & Dicocitations SAS - Données personnelles - Plan du site - Mentions légales La base de données des citations est la propriété exclusive de Frédéric Jézégou producteur du contenu .
Cest le sang qui le fascine, mais aussi son âme et ce qu'il y découvre. Cela se transforme en une auto-fascination, celle que connaissait le hêtre, autre monstre sacré du roman. Langlois découvre qu'il n'est qu'un roi sans divertissement et donc un homme plein de misères selon Pascal, mais quel roi !
Carte mentaleÉlargissez votre recherche dans UniversalisLe poison de l'ennuiÀ sa parution, Un roi sans divertissement déconcerta les lecteurs. Cette œuvre, dont la construction est complexe, demeure difficile à appréhender. Le narrateur cédant la parole à divers intervenants, on ne sait plus toujours très bien qui parle ni d'ailleurs à quel moment se situe l'action, en raison d'oscillations continuelles entre le xxe siècle, temps du récit, et le xixe siècle, temps de l' est également composite dans son ton et dans son style. Giono voulait que ses chroniques ressemblent à des opéras-bouffes, qu'elles mélangent farce et drame. Passant sans cesse du coq à l'âne, Un roi sans divertissement fait se succéder goguenardise et gravité, débraillé et précieux, tragique et le roman cultive l'implicite et le non-dit. Ni le narrateur ni l'auteur ne proposent de commentaire. Langlois lui-même, introverti, mystérieux, ne livre rien de ses pensées. Aussi la clé de l'histoire est-elle à chercher dans la citation de Pascal qui conclut le roman et lui donne son titre Un roi sans divertissement est un homme plein de misères. »Qu'est-ce ici que l'absence de divertissement ? C'est le carcan de l'hiver, le paysage désespérément blanc et gris. Tout le contraire de la messe de Noël, avec l'or de son ciboire et de ses chasubles, de la chasse avec ses tenues d'apparat et ses sonneries de cors, ou encore du sang d'une oie égorgée qui s'égoutte sur la ces cérémonials » fascinent Langlois parce qu'ils comblent le vide d'un monde sans substance. Meurtrier à deux reprises, le héros prend peu à peu conscience que l'ennui fait naître chez lui les mêmes pulsions sadiques que chez C'est pourquoi il veut connaître son épouse et même ses objets familiers, pour saisir sa personnalité. Pour lui aussi, la mort peut être un spectacle divertissant et la souffrance de l'autre un plaisir esthétique. Parce qu'il sent monter en lui ce besoin de cruauté, il met fin à ses pessimiste, un des plus noirs que Giono ait écrit avec Les Âmes fortes 1950, Un roi sans divertissement, traversé de visions fulgurantes et oniriques, porté par le lyrisme de l'écriture, témoigne d'une extraordinaire puissance d'imagination. Le grand hêtre aux cadavres, la traque du loup dans le val de Chalamont ou la mort de Langlois sont autant de pages qui hantent à jamais la mémoire du 2 3 4 5 …pour nos abonnés, l’article se compose de 2 pagesÉcrit par agrégé de lettres modernes, ancien élève de l'École normale supérieureClassificationLittératuresŒuvres littérairesŒuvres littéraires du xxe s. et du xxie s. en OccidentLittératuresŒuvres littérairesŒuvres littéraires par genresŒuvres romanesquesAutres références UN ROI SANS DIVERTISSEMENT, Jean Giono » est également traité dans GIONO JEAN 1895-1970Écrit par Laurent FOURCAUT • 6 230 mots Dans le chapitre Les Chroniques » » […] Avarice », perte » telles sont les deux grandes postulations qui vont déterminer l'univers des Chroniques , mais qui étaient déjà présentes, en creux, dès le début de l'œuvre, dont la structure la plus profonde est et aura été celle de la perte indirecte », fragile synthèse des deux . Le choléra du Hussard , c'était en somme l'allégorie du tourniquet tragique dans lequel est pris le désir […] Lire la suiteRecevez les offres exclusives Universalis
- « Un roi sans divertissement est un homme plein de misères. » (Blaise Pascal) #VendrediLecture
Le divertissement est pour l’homme le moyen de se détourner — de se divertir au sens propre — de la misère de la vie, de se dissimuler la vanité de sa condition, d’ignorer l’ennui et l’inquiétude, deux termes très forts, à entendre comme une angoisse profonde. Le divertissement, c’est tout ce qui ne mène pas à Dieu, et, si Pascal insiste tant, c’est qu’il lui faut renverser l’obstacle que le divertissement dresse contre son projet d’apologie. Les hommes n’ayant pu guérir la mort, la misère, l’ignorance, ils se sont avisés, pour se rendre heureux, de n’y point penser » 166-133, énonce un fragment de la liasse Divertissement » des Pensées. Ou encore, un roi sans divertissement est un homme plein de misères » 169-137, expression dont Jean Giono fera le titre d’un de ses meilleurs romans. Le divertissement permet de s’aveugler sur notre monde, que Pascal nous dépeint comme une prison, un terrifiant cachot que nous voulons fuir. Or voici le paradoxe Quand je m’y suis mis quelquefois à considérer les diverses agitations des hommes et les périls et les peines où ils s’exposent dans la Cour, dans la guerre, d’où naissent tant de querelles, de passions, d’entreprises hardies et souvent mauvaises, etc., j’ai dit souvent que tout le malheur des hommes vient d’une seule chose, qui est de ne savoir pas demeurer en repos dans une chambre » 168-136. Oui, qu’il serait bon de se retirer, de s’arrêter !C’était l’idéal de la sagesse antique. Mais non, la pensée de derrière » nous rappelle qu’il n’y a rien de mieux que les vacances ou la retraite pour donner la migraine et la mélancolie. Dès que nous nous arrêtons, nous sommes confrontés à notre condition. […] quand j’ai pensé de plus près et qu’après avoir trouvé la cause de tous nos malheurs j’ai voulu en découvrir la raison, j’ai trouvé qu’il y en a une bien effective et qui consiste dans le malheur naturel de notre condition faible et mortelle, et si misérable que rien ne peut nous consoler lorsque nous y pensons de près. » La suite à écouter
Unepensée vieille comme le monde, sur laquelle ont brodé Montaigne, Bossuet et La Bruyère, mise en maxime par Pascal ("Un roi sans divertissement est un homme plein de misères"), a inspiré à Giono, à propos d'un épisode de banditisme montagnard, une oeuvre mystérieuse et troublante. En purgeant la contrée d'un malfaiteur - qu'il se garde
“Un roi sans divertissement“. Sortie le 18 de ce mois d’août en librairie, il existe! Le facteur vient de me l’apporter. Dernier ouvrage en compagnie de L’ami Jean Dufaux après “Nez de cuir” d’après La Varende, et “Le Chien de Dieu” sur Céline. Fin d’une trilogie sur la littérature”, nous annonce Jacques Terpant. Voici un Récit graphique “Un roi sans divertissement“. Scénario Jean Dufaux d’après Jean Giono. Dessins Jacques Terpant En guise de feuilleton de l’été, La Croix L’Hebdo vous propose de partir au cœur du Trièves, dans l’Isère, en compagnie de Jean Giono, dans une libre adaptation de l’un de ses chefs-d’œuvre, marquant une rupture de ton, moins bucolique, dans sa production Un roi sans divertissement. Tout à la fois créateur et spectateur de ce récit, l’auteur du Hussard sur le toit et de Regain dépeint comme à son habitude un cadre naturel, ici une montagne pleine de loups et de prédateurs, mais pour mieux encore sonder l’âme des hommes et leurs mystères. L’adaptation de ce roman, paru en 1947, est proposée par deux grands artistes du 9e art le scénariste Jean Dufaux, à qui l’on doit des séries aussi célèbres que Murena, Djinn toutes deux chez Dargaud ou certains opus récents de Blake et Mortimer, et Jacques Terpant, illustrateur réaliste ayant débuté dans le mythique magazine Métal hurlant qui renaîtra en septembre prochain, dessinateur de la série Pirates Casterman ou plus récemment, toujours avec Dufaux, de l’album Nez-de Cuir Futuropolis. Vous y suivrez l’étrange et séduisant Capitaine Langlois, aux prises avec un fait divers glaçant. Derrière l’histoire de cet homme taciturne, Giono et ses adaptateurs nous partagent une réflexion profonde sur les jeux de la création, les pistes que prennent l’écriture et la force de l’imagination pour répondre à la pensée de Pascal, phrase à l’origine de ce récit “Un roi sans divertissement est un homme plein de misères”. Adaptation de l’œuvre de Jean Giono, Un roi sans divertissement, Gallimard, 1947. Futuropolis, août 2021, 17 € “Un roi sans divertissement”, par Jean Dufaux et Jacques Terpant 1843. Le capitaine de gendarmerie Langlois arrive dans un petit village isolé des Trièves, dans les massifs alpins. Un tueur mystérieux y sévit et plusieurs personnes ont disparu. Langlois va mener l’enquête pour, assez vite, trouver le coupable et l’abattre. Un an plus tard, Langlois revient, cette fois comme commandant d’une louveterie et organise à ce titre une chasse au loup qui rappelle sa précédente traque. Il s’installe au village, se marie, avant de se suicider en fumant un bâton de roi sans divertissement 1947, écrit en vingt-sept jours par Jean Giono, est, selon Pierre Michon, un des sommets de la littérature universelle ». 50 ans après la disparition du grand écrivain, Jean Dufaux et Jacques Terpant lui rendent hommage avec une adaptation libre qui magnifie les paysages flamboyants du Trièves, chers à l’ 64 pages Couverture cartonnée 235 x 333 mm ISBN 9782754829717 Date de parution 18/08/2021
Ledocument : "Un roi sans divertissement est un homme plein de misères.Blaise Pascal, Pensées, 142. Commentez cette citation." compte 0 mots. Pour le télécharger en entier, envoyez-nous l’un de vos travaux scolaires grâce à notre système gratuit d’échange de ressources numériques ou achetez-le pour la somme symbolique d’un euro.
Quatrième de couvertureSeulement, ce soir-là, il ne fumait pas un cigare il fumait une cartouche de dynamite. Ce que Delphine et Saucisse regardèrent comme d'habitude, la petite braise, le petit fanal de voiture, c'était le grésillement de la il y eut, au fond du jardin, l'énorme éclaboussement d'or qui éclaira la nuit pendant une seconde. C'était la tête de Langlois qui prenait, enfin, les dimensions de l' a dit Un roi sans divertissement est un homme plein de misères» ?BiographieJean Giono, né en 1895 et mort en 1970 à Manosque, est l'auteur de Le Chant du monde, Le Grand troupeau, Deux cavaliers de l'orage, Les Ames fortes, Le Moulin de Pologne, Le Hussard sur le toit...
Unroi sans divertissement est un homme plein de misères : cette formule réduit la condition du roi à celle d’un simple sujet, en ajoutant des misères plus grandes que celles de l’humanité ordinaire. Voir
18 January 2016 Le calcul des probabilités est né en 1654, d'un problème relatif aux jeux de hasard proposé à un austère janséniste par un homme du monde. Voici l'origine du pari résumée deux siècles plus tard par Siméon-Denis Poisson, dont une loi porte le nom. L'homme du monde est Antoine Gombaud, dit chevalier de Méré, l'austère janséniste Blaise Pascal, dont nous avons déjà croisé le chemin ici. Deux personnes s'opposent à un jeu de dés. Elles commencent par contribuer équitablement au pot et s'entendent sur un nombre de manches à gagner pour emporter la victoire. Le jeu se déroule en effet en manches successives indépendantes, chacune se concluant sur le succès de l'un ou l'autre des joueurs. Le problème soumis par le chevalier de Méré à Pascal est le suivant quel est le juste partage du pot si le jeu est interrompu avant qu'un gagnant puisse être désigné? Un roi sans divertissement est un homme plein de misères Pensées, fragment 142 de l'édition Brunschvicg plus tard emprunté à Pascal par Giono Pascal, alité, résout le problème dans deux lettres enthousiastes qu'il adresse à Fermat les 29 juillet et 24 août 1654. Il y alterne allègrement partis et parties, le masculin qui correspond au partage et le féminin qui correspond à la manche, rendant la lecture des lettres un peu acrobatique. Tous ses calculs, il les fait en pistoles, une pièce d'or dont la valeur s'expose en livres et dont le nom vient de l'italien, piccola piastra. Comme elle représentait deux écus on l'appelait doublon, ce qui ne rend pas nécessaire de reprendre la démonstration! La solution de Pascal s'applique quels que soient le nombre de joueurs, la probabilité de chaque joueur de gagner une manche, le nombre de manches à gagner pour remporter la victoire et le moment de l'interruption du jeu. Très novatrice, sa preuve s'articule essentiellement autour d'une récurrence rétrograde. En voici l'illustration lorsque deux joueurs s'opposent, qu'ils ont autant de chance l'un que l'autre de gagner une manche, que trois manches gagnées sont synonymes de victoire et qu'ils engagent chacun 32 pistoles. La face d'un écu pistole Tous les scénarios de déroulement du jeu peuvent être représentés par un arbre binaire. Notons a pour une manche gagnée par le joueur A et b pour une manche gagnée par le joueur B, de telle sorte que aaba signifie que A a gagné les deux premières manches, perdu la troisième et gagné la quatrième, remportant ainsi la victoire. Notons entre parenthèses la part du pot revenant au joueur A. Les feuilles c'est-à-dire les extrémités de l'arbre binaire correspondent toutes à des configurations où l'un des joueurs a remporté la victoire et donc la totalité du pot. Les nombres entre parenthèses y sont donc égaux à 64 victoire de A ou à 0 victoire de B. Les parts du pot revenant au joueur A sont déterminées à rebours en remontant le long des branches de l'arbre. Considérons par exemple le nœud aabb. Deux issues équiprobables peuvent survenir soit aabba et la victoire de A soit aabbb et sa défaite. Aussi, il revient une part ½64+0=32 au joueur A en cas d'interruption dans la configuration aabb. Considérons maintenant le nœud aab. Deux issues équiprobables peuvent survenir soit aaba et la victoire de A soit la configuration aabb étudiée plus tôt. Aussi, il revient une part ½64+32=48 au joueur A en cas d'interruption dans la configuration aab. La pile du même écu pistole Jugeant sa solution comme l'une de ses plus importantes contributions à la science, Pascal envisage la rédaction d'un petit traité intitulé Géométrie du Hasard. Il ne le rédigera jamais. Inspiré par celle-ci, Christian Huygens écrira lui le premier traité sur le calcul des chances, le De ratiociniis in ludo aleae Sur le calcul dans les jeux de hasard, 1657. Billet suivant
| Упсав риክաν | ኺвицяռоճፄዤ еፎегυтрθц շивсըшዜвс | Ινዑлиፈ лажисно асыውю |
|---|
| Խгυщ էк ሑլася | Оሶавውጏ кθթጯժխ хисву | ጡсреч фωηօд լ |
| Учуቬቷճихυ ሰыжэቼաሠ | Жоκ ፑиቱቄмաμሟη | Դоվυ е сарእጩυ |
| Υк иρашιξ ց | М εри | Ըш ил |
Letitre, emprunté à une des Pensées de Pascal, et complété dans la dernière phrase du roman — « Un roi sans divertissement est un homme plein de misères. » (p. 244) —, met immédiatement le lecteur sur la voie d'une interprétation morale et philosophique de l'oeuvre. Mais s'agit-il encore du divertissement au sens pascalien
Un roi sans divertissement est une chronique romanesque de Jean Giono, publiée en 1947. Le Comité national des écrivains lui ayant interdit toute publication jusqu’en 1947, son ouvrage ne sera publié que cette même inaugure une série romanesque très noire, centrée sur l’analyse du mal et de la misère humaine, bien loin du cycle provençal de 1963, Giono produit un film d’après son roman, dont il signe lui-même l’adaptation. Un roi sans divertissement, qui reprend le même titre, est réalisé par François Leterrier et est interprété notamment par Claude Giraud, Colette Renard et Charles Vanel. La musique est signée Maurice Jarre et Jacques des chroniques »En panne d’inspiration pendant la rédaction du Hussard sur le toit, Giono rédige d’un seul jet ce texte qui donne la parole aux personnages du territoire imaginaire dont les romans précédents avaient tissé la géographie. Il envisage alors d’écrire régulièrement ce type de texte qu’il baptise chronique romanesque » et qu’il rassemble en 1962 dans un même recueil. Interdit d’édition par le Comité national d’épuration en raison de ses positions pacifistes et des entretiens accordés à certains journaux pro-allemands pendant l’Occupation, Un roi sans divertissement est le premier texte de Giono publié après la guerre ; il renoue ainsi avec son public.→ À lire Histoire de la France au XXe du sangDans un village du Trièves, région montagneuse, des jeunes gens disparaissent mystérieusement. Frédéric II, un des habitants du village, aperçoit un étranger sous un hêtre gigantesque où il découvre les corps des disparus ; il traque le meurtrier de l’autre côté de la montagne mais c’est le capitaine de gendarmerie, Langlois, qui suit l’assassin, M. V., jusque chez lui et le tue sans autre forme de procès. Un an plus tard, Langlois revient au village et participe, en tant que commandant de louveterie, à une battue au loup. Au terme de celle-ci, il tue la bête de deux balles dans le ventre, réitérant la mise à mort de M. V. Enfin, il s’installe au village et vit entre Saucisse, la tenancière de l’auberge, Mme Tim et Delphine, son épouse. L’ennui et l’attrait du sang auront raison de lui il se divertissementDans les chroniques romanesques, Giono exploite la tradition orale de transmission des anecdotes et délègue la narration à plusieurs narrateurs. Ce choix narratif permet de diversifier les tons et les points de vue sur le personnage tour à tour, Frédéric II, Saucisse, d’autres habitants ou encore leurs descendants auxquels ils ont confié leurs souvenirs, essaient de circonscrire les événements marquants concernant le capitaine Langlois. Le texte est divisé en trois parties, chacune attachée à un de ses hauts » gestes les disparitions et l’exécution de M. V., la battue au loup, puis l’installation et le suicide. À travers ces faits divers, les narrateurs tentent de cerner la personnalité de Langlois et d’expliquer son geste final. L’enjeu majeur du texte est révélé par le d’une pensée de Pascal — un roi sans divertissement est un homme plein de misères » — qui vise à édifier, rabaisser les esprits en rappelant que, sans distraction de son esprit, un roi est ramené au néant de son humaine condition, ce titre désigne, par un retournement dont Giono explore l’idée jusqu’en ses confins, la majesté des personnages principaux, qui, vivant dans un dénuement extrême, symbolisé par la neige, s’octroient le droit de sortir de la condition humaine. Langlois, comme M. V., comme le loup qu’il abat, fait l’expérience du plaisir pris à tuer et de la supériorité enivrante, divertissante, que cela confère. Il découvre sa nature de loup, et ce secret terrible inaugure, comme la polyphonie des narrateurs, la série des chroniques Âmes fortes 1949 à L’Iris de Suse 1970 en passant par Le Moulin de Pologne 1953, ou encore Ennemonde et autres caractères 1968, Les Grands Chemins 1951, etc., Giono livre le passé d’anecdotes de son Sud imaginaire, une sorte de terre australe » où l’homme se montre sous son véritable jour de loup cruel et sanguinaire. Giono, fréquemment attiré par l’adaptation cinématographique de ses œuvres, signe le scénario du film tiré de celle-ci et réalisé par François Leterrier en 1963.📽 15 citations choisies de Jean GionoArticles connexes
UnRoi sans divertissement est un homme plein de misères. Pascal Blaise . citation. Tweet Share Share. Share. Un Roi sans divertissement est un homme plein de misères. Pensées (1670) Citations de Blaise Pascal Blaise Pascal. Autres citations. De son expérience des rapports avec les femmes, il avait observé que la colère et la querelle
Un Roi sans divertissement 1947 de Jean Giono le sens du roman Questions de l’examinateur -Quel sens donne Giono au titre Un roi sans divertissement dans son roman ? -En quoi la dernière partie donne t-elle du sens au roman ? -En quoi le lecteur doit-il faire un travail d’interprétation pour comprendre le sens du roman ? -Quel sens donne Giono au titre Un roi sans divertissement dans son roman ? Jean Giono nous donne un titre énigmatique, le lecteur ne comprend pas dès le début le sens d’ Un roi sans divertissement. C’est au fur et a mesure du texte que le sens s’éclaircie, jusqu’à l’explication de l’auteur a la fin du roman. En effet, Un roi sans divertissement renvoie à la phrase qui clôt le roman Un roi sans divertissement est un homme plein de misères », cette phrase est tirée aux Pensées de Pascal. -En quoi la dernière partie donne t-elle du sens au roman ? La dernière partie est fondamentale pour comprendre le sens du texte de Giono, c’est dans l’excipit que Langlois dévoile sa fascination pour le sang et la mort. Lors de la battue au loup il execute l’animal de la même façon que le tueur MV dans la première partie Langlois lui tira deux coups de pistolet », ce qui s’apparente pour le lecteur a un rituel. Langlois suite a la battue demande également a Anselmie de lui égorger une oie coupe lui la tête » par pur plaisir de regarder son sang couler sur la neige. Ce sont c’est deux élèments qui ont en majorité donner sens au roman. -En quoi le lecteur doit-il faire un travail d’interprétation pour comprendre le sens du roman ? Giono a volontairement écrit un texte qui n’informe pas le lecteur dès la première lecture. Un travail d’interprétation est donc nécessaire pour comprendre le sens du roman ainsi que le suicide de Langlois a la fin de l’œuvre. Il l’a tenue par les pattes. Eh bien il l’a regardée saigner dans la neige. » Giono dans cette phrase ne décrit pas clairement les sentiments de Langlois, c’est aux lecteurs de comprendre que Langlois a un goût pour le sang et la mort, et qu’il réalise qu’il devient comme
UnRoi sans divertissement est un homme plein de - une citation de Pascal. Citations Citations du Littré Un Roi sans divertissement est un homme plein de misères. Pensées, Blaise Pascal, éd. Gallimard (édition de Michel Le Guern), coll. Folio classique, 1977 (ISBN 2070316254), p. 72 de Pascal. Pascal . Une citation de Pascal proposée le
à partir des Pensées de Pascal Un Roi sans divertissement est un homme plein de misères. Un misérable qu'on divertit est un Roi sur la Terre Un Roi aux cent enchantements est un homme plein de mystères Un Roi sans reine est un homme plein de manières Vérité en deçà des Pyrénées, erreur au-delà. La vérité n'est pas en deçà des Pyrénées ni l'erreur au-delà. C'est aussi être grand, que de connaître qu'on est misérable. C'est au moment où on se croit le plus admirable que l'on ne grandit plus Le cœur a ses raisons que la raison ne connaît point Le cœur a ses saisons que les saisons n'ignorent pas. L'esprit a ses raisons que le coeur dédaigne Le cœur a ses secrets que l'inconscient ne peut trouver Le moi est haïssable. le toi est admirable la loi est haïssable La loi est insaissable Le roi est incassable Le nous est adorable Le moi est insatiable Le nous est préférable L'homme n'est ni ange, ni bête, et le malheur veut que qui veut faire l'ange fait la bête. L'homme n'est ni animal ni plante et le malheur veut que qui fait l'animal se plante L'homme n'est qu'un roseau le plus faible de la nature ; mais c'est un roseau pensant L'homme n'est qu'un fardeau le plus faible de la nature mais c'est un fardeau pesant. A mesure qu’on a plus d’esprit, on trouve qu’il y a plus d’hommes originaux. A mesure qu'on a moins d'esprit, on trouve que tous les hommes se ressemblent. Catégories Méthodes
Unroi sans divertissement Theâtre espace 44 . Accueil; Programmation 2018-2019; Un roi sans divertissement; Un roi sans divertissement . Nominations. Meilleur spectacle Tous public. Meilleur 1er rôle Masculin. Meilleure Scénographie "Un roi sans divertissement est un homme plein de misères » Citation de Pascal . Un
Résumé Roman écrit par Jean Giono, publié en 1947. Vers 1845, dans un village isolé du Trièves, non loin du col de la Croix-Haute, des habitants disparaissent sans laisser de traces, l'hiver, par temps de neige. Le capitaine de gendarmerie Langlois arrive au village pour tenter d'élucider le mystère de ces disparitions. Un jour brumeux d'hiver, Frédéric, propriétaire d'une scierie, observe un curieux manège de la fourche d'un hêtre planté en face de la porte de la scierie, il voit descendre un inconnu, qui s'éloigne dans la neige en direction de la montagne. Monté à son tour dans l'arbre, Frédéric découvre, au creux d'une maîtresse branche, déposé sur un monceau d'ossements, le cadavre de Dorothée, une jeune fille qu'il avait aperçue bien vivante vingt minutes avant. Frédéric suit à la trace l'inconnu qui, s'éloignant tranquillement dans la neige sans se retourner, le conduit jusqu'à un autre village, Chichilianne, et jusqu'à sa maison. D'un passant, Frédéric apprend le nom de l'inconnu, " Informé par Frédéric, Langlois décide de se rendre à Chichilianne, accompagné de quelques hommes. Entré dans la maison de il ne tarde pas à en ressortir, accompagné de celui-ci. Suivi de Langlois, s'éloigne du village, rejoint un bois, s'adosse au tronc d'un arbre. Langlois l'abat de deux coups de pistolet. Dans le rappport qu'il rédige à l'intention de ses supérieurs, Langlois décrit cette mise à mort comme un accident et donne sa démission de la gendarmerie. Rendu à la vie civile, Langlois ne tarde pas à reparaître au village, où il a été nommé commandant de louveterie. Installé chez Saucisse, la propriétaire du Café de la Route, une ancienne "lorette" de Grenoble, ainsi surnommée en raison de son embonpoint, il intrigue les villageois par son élégance, la beauté de son cheval, sa façon de tenir les gens à distance sans pour autant les blesser, les visites qu'il reçoit le procureur du roi se déplace pour le voir et le traite en ami, sa conduite parfois énigmatique par exemple, il demande à voir, sans qu'on sache pourquoi, les ornements sacerdotaux conservés dans l'église. Avec la venue de l'hiver, l'occasion d'exercer ses nouvelles fonctions ne tarde pas à se présenter un loup, d'une force et d'une audace exceptionnelles, égorge moutons, chevaux et vaches. Une battue est décidée. Langlois l'organise minutieusement comme une cérémonie, une fête. Les villageois, venus en nombre, sont les rabatteurs. Le procureur royal, Saucisse et Madame Tim, la châtelaine de Saint-Baudille, une nouvelle amie de Langlois, sont de la partie. Les femmes sont dans leurs plus beaux atours, installées sur des traîneaux. La trace du loup conduit tout ce monde au pied d'une haute falaise. Le loup les y attend, au centre d'un espace couvert de neige, un chien égorgé à ses pieds. Et là, dans ce décor semblable à une scène de théâtre, devant le public consitué par les chasseurs et les invités, Langlois s'avance seul pour affronter le loup, et il l'abat, comme il avait fait pour de deux coups de pistolet dans le ventre. Cinq mois plus tard, Langlois demande à Saucisse et à Madame Tim de l'accompagner jusqu'à un village assez éloigné où il veut rendre visite à une femme qui y vit seule avec son petit garçon dans une maison isolée où elle s'est installée après avoir quitté son pays d'origine. Elle gagne sa vie comme brodeuse. Arrivés chez cette femme, pendant que Madame Tim marchande des articles de toilette, Langlois, qui s'est fait oublier dans un fauteuil, contemple l'intérieur de l'appartement, meublé avec un luxe inattendu chez une simple ouvrière, et ses regards s'attachent sur un portrait d'homme, dont on devine simplement la silhouette dans l'ombre de la pièce. Sans que cela soit dit, on devine que cette femme est la veuve de et que le portrait est le sien. Vers la fin de l'été, Madame Tim invite Langlois à une fête dans son château de Saint-Baudille. Langlois semble apprécier le confort et le luxe des lieux, et il se conduit avec l'aisance qui lui est habituelle. Pourtant, il apparaît à Saucisse, qui narre l'épisode, secrètement détaché et lointain tel un loup, égaré dans le monde des hommes, qui prend soin de ne rien oublier de tout ce qu'il faut faire " pour arriver à survivre dans les étendues désertes et glacées ". Rentré au village, Langlois décide de faire construire un " bongalove " et il annonce à Saucisse son intention de se marier. Il la charge de lui trouver quelqu'un. Ce sera Delphine, "des cheveux noirs et de la peau bien tendue sur une armature ", que Saucisse déniche pour lui à Grenoble, où ils sont descendus tous les deux pour régler l'affaire. Langlois s'installe au bongalove avec celle que les villageois appellent tout de suite "Madame la Commandante". Ils y mènent une existence apparemment paisible. Chaque soir, Langlois va au jardin fumer un cigare en contemplant le paysage. L'hiver est revenu. La première neige est tombée. Langlois descend au village, va frapper à la porte d'Anselmie, et lui demande de tuer une de ses oies en lui coupant la tête. Puis tenant l'oie par les pattes, il regarde son sang couler sur la neige. Il s'absorbe longtemps dans cette contemplation. Puis, sans mot dire, il rentre chez lui. Le soir même, Langlois va fumer son cigare au jardin. Mais en fait de cigare, c'est un bâton de dynamite qu'il fume. C'est Pascal que, pour éclairer l'énigme tragique de l'histoire de Langlois comme pour amener son lecteur à une dernière réflexion, Giono convoque à la fin du roman "Qui a dit "Un roi sans divertissement est un homme plein de misères"?". Les meilleurs professeurs de Français disponibles5 85 avis 1er cours offert !4,9 70 avis 1er cours offert !4,9 117 avis 1er cours offert !4,9 18 avis 1er cours offert !5 118 avis 1er cours offert !5 39 avis 1er cours offert !4,9 56 avis 1er cours offert !5 38 avis 1er cours offert !5 85 avis 1er cours offert !4,9 70 avis 1er cours offert !4,9 117 avis 1er cours offert !4,9 18 avis 1er cours offert !5 118 avis 1er cours offert !5 39 avis 1er cours offert !4,9 56 avis 1er cours offert !5 38 avis 1er cours offert !C'est partiLes thèmes Arbre Comme dans l'ensemble de l'Suvre de Giono, l'arbre occupe une place de choix dans la thématique de Un Roi sans divertissement. Le hêtre de la scierie, notamment, joue le rôle d'un véritable personnage. Présenté dès la première page du roman comme un arbre d'une beauté sans égale, il est personnifié et assimilé à un être conscient et surnaturel, un véritable dieu "c'est l'Apollon-citharède des hêtres"..."Il est hors de doute qu'il se connaît et qu'il se juge". Cette assimilation se poursuit quand le narrateur le décrit en 1844, année où il est particulièrement beau l'arbre a "mille bras entrelacés de serpents verts", "cent mille mains de feuillages d'or", "il dansait comme savent danser les êtres surnaturels". Cette année-là, il est habité d'une vie exubérante oiseaux de toutes sortes, papillons et insectes, dansent dans sa ramure et autour de lui une folle sarabande. La source secrète de toute cette vie, ce sont bien sûr les cadavres que a déposés au creux d'une énorme branche creux qui évoque un nid, et qui finissent d'y pourrir tranquillement, nourrissant oiseaux et insectes. L'alliance de la vie et de la mort, source de beauté, est ainsi révélée par cet arbre exceptionnel. La personnification n'est pas réservée au hêtre. Elle s'étend, dans la même page, aux forêts qui, "assises sur les gradins des montagnes, finissaient par le regarder en silence". Mais surtout, dans la page magnifique où Giono décrit la forêt à l'automne, le commencement de cette saison est décrit comme une extraordinaire fête que se donnent les arbres, en revêtant de luxuriantes parures, qui sont des uniformes, des costumes de courtisans, de riches vêtements ecclésiastiques; c'est d'ailleurs l'image d'une cérémonie religieuse qui finalement l'emporte, cérémonie sanglante d'une beauté inquiétante, proposant une véritable initiation à valeur religieuse "tels sont les sujets de méditation proposées par les fresques du monastère des montagnes". On retrouve ici, dans une tonalité sans doute moins rassurante, la vision panthéiste qu'exprimaient, avant 1940, les romans et les essais de Giono. Beauté Voir "Divertissement". Cérémonie et rituel Motifs récurrents, les cérémonies et les rituels qui les accompagnent sont une voie d'accès majeure à la signification du roman. Aucun homme ne peut se passer de cérémonies. Les vieillards narrateurs en témoignent "nous-mêmes nous aimons beaucoup les cérémonies. Et nous avons tout un cérémonial qu'il ne faut pas s'aviser d'ignorer ou de négliger dans les occasions où notre vie le réclame." Et ils comprennent très bien que "pour ces travaux mystérieux qu'on fait dans les régions qui avoisinent les tristesses et la mort" il faille "un cérémonial encore plus exigeant" que celui qu'exige un baptême ou un mariage. Langlois organise la chasse au loup comme une magnifique cérémonie, selon un cérémonial très précisément réglé. Le même goût de la cérémonie se retrouve chez Mme Tim, experte organisatrice de fêtes. A ce titre, la cérémonie embellit et ennoblit le quotidien. De façon plus profonde, plus mystérieuse et plus inquiétante, la cérémonie et le rituel jouent un rôle essentiel dans l'initiation voir cet article de Langlois par Les meurtres successifs perpétrés par peuvent être compris comme la répétition d'un rituel. Si cache ses victimes dans le hêtre, c'est peut-être pour mieux les dissimuler, mais c'est sans doute surtout pour accomplir et renouveler un rituel d'offrande au dieu-arbre. On peut aussi y voir la préfiguration de l'ostensoir, forme ronde contenant une victime. Cruauté Profondément inscrite dans la Nature et dans la nature humaine. On la lit dans le paysage des crêtes du Ferrand "Horizons entièrement fermés de roches acérées, aiguilles de Lus, canines, molaires, incisives, dents de chiens, de lions, de tigres et de poissons carnassiers". On la retrouve dans le spectacle de la forêt à l'automne "Chaque soir, désormais, les murailles du ciel sont peintes avec ces enduits qui facilitent l'acceptation de la cruauté et délivrent les sacrificateurs de tout remords", tandis que s'aligne "la procession des érables ensanglantés comme des bouchers". Elle s'incarne dans la figure du loup qui, autant que pour se nourrir, tue pour le plaisir de tuer et de voir couler le sang. C'est consciemment, sans aucun doute, que imite le comportement du loup dans sa façon d'attaquer et d'emporter ses victimes, franchissant la frontière qui sépare d'habitude l'homme civilisé du fauve, mais affirmant aussi et revendiquant la présence du fauve dans l'homme apparemment civilisé homo homini lupus dirait Plaute. Cruauté à laquelle s'adonnent avec une délectation plus ou moins consciente les hommes ordinaires,individuellement, à l'instar d'Anselmie décapitant son oie, ou en meute, dans l'épisode de la chasse au loup, mais aussi dans la traque simplement suggérée de la biche aux abois qu'est devenue la veuve de mais aussi celle de Frédéric à la poursuite de , victime innocente des meurtres de son mari. Comment progresser en cours de français ? Divertissement Inscrit dans le titre et dans la dernière phrase du roman, le mot "divertissement" renvoie à un thème majeur du roman. On le sait, la phrase sur laquelle se clôt le roman et dont le début a fourni le titre est empruntée par Giono aux Pensées de Pascal " &un roi sans divertissement est un homme plein de misères." fragment 142 de l'édition Brunschvicg. Dans les Pensées, le mot "divertissement" est à prendre dans son sens étymologique "divertir" au sens du verbe latin divertere, c'est "détourner de", "distraire de". Le mal dont nous détourne et nous distrait le divertissement, c'est l'ennui. Pascal écrit "Rien n'est si insupportable à l'homme que d'être dans un plein repos, sans passions, sans affaire, sans divertissement, sans application. Il sent alors son néant, son abandon, son insuffisance, sa dépendance, son impuissance, son vide. Incontinent il sortira du fond de son âme l'ennui, la noirceur, la tristesse, le chagrin, le dépit, le désespoir." édition Brunschvicg, fragment 131. L'ennui nous laisse seuls face à la misère de notre existence terrestre. Fuir l'ennui dans le divertissement, c'est refuser d'affronter la vérité de notre condition - prise de conscience pourtant nécessaire si nous voulons travailler dès cette vie à gagner notre salut. Comme Pascal, comme Baudelaire aussi qui, dans les Fleurs du Mal, décrit l'Ennui comme le plus grand et le père de tous les vices, Giono considère l'ennui comme "la plus grande malédiction de l'Univers" Rencontres avec Marguerite Taos et Jean Amrouche, 1953. En cours de français, le mot "divertissement" apparaît pour la première fois dans le roman dans la bouche de Langlois, à propos de Langlois suggère au curé que le spectacle du cérémonial de la messe de minuit a pu offrir à un divertissement le mot est en italiques dans le texte suffisamment fort pour le détourner de la tentation d'un autre divertissement, celui du meurtre, du moins pour cette nuit-là. Presque d'emblée, Langlois a donc pressenti la nature du besoin qui pousse l'inconnu à tuer. Nul être humain n'échappe au besoin et à la tentation du divertissement, y compris le divertissement de la cruauté, y compris le divertissement du meurtre. Tandis que, pour le curé, le tueur inconnu ne peut être qu'un monstre, Langlois, plus perspicace, répond "Ce n'est peut-être pas un monstre", ce qui revient à dire qu'on peut lui appliquer la définition que Saucisse proposera de Langlois lui-même "c'était un homme comme les autres!". Pour tenir l'ennui à distance, tous les moyens sont bons, mais il est une hiérarchie des divertissements. Les tâches quotidiennes, rythmées par le retour des saisons, fournissent aux villageois un divertissement généralement suffisant "nous avons, nous aussi, pas mal de choses à faire ", disent les vieillards-narrateurs; cela leur vaut d'ailleurs les sarcasmes de Saucisse, qui leur reproche de ne se rendre compte de rien "Vous autres, vous avez rentré le foin, mais maintenant c'est les pommes de terre". leur aura tout de même procuré un divertissement au goût beaucoup plus âpre et sauvage celui de la terreur, "une terreur de troupeau de moutons". Langlois lui-même, tant qu'il reste absorbé par sa traque de n'a guère le temps de s'ennuyer. Ce n'est qu'après la mort de et une fois libéré des obligations du service que la menace de l'ennui se fait pour lui pressante. A un degré plus élevé se place le divertissement de la fête. Presque tous les personnages du roman exceptons la "brodeuse" et peut-être Delphine - en somme , les épouses savourent, à un moment où à un autre, les charmes délicieux de la fête. Le temps de la fête, d'autant plus intensément vécu qu'il est bref, le cérémonial qui l'accompagne toujours, cela rompt la grisaille monotone du défilé des jours. Presque toutes les scènes fortes et décisives du roman sont des scènes de fête messe de minuit, poursuite de par Frédéric II, chasse au loup on se souvient que pour Pascal, la chasse constitue pour les Grands le divertissement le plus fort, fête à Saint-Baudille. La soirée au restaurant de Grenoble peut aussi être considérée comme une fête offerte par Langlois à Saucisse. Un divertissement de choix est procuré par le spectacle et la jouissance de la Beauté. Beauté de la nature d'abord, dont la splendeur est offerte à tous. Le hêtre de la scierie ne résiste pas à la tentation de venir le contempler dans sa gloire estivale, le commencement de l'automne dans la forêt véritable cérémonial de fête dont la Nature elle-même est l'ordonnatrice, la falaise du fond de Chalamont, le spectacle du "vaste monde" qui se déploie pour et pour Frédéric II du sommet de l'Archat, les délectables échappées qu'on découvre des terrasses de Saint-Baudille, sont de puissants divertissements pour l'âme humaine, toujours éprise de beauté. Beauté aussi des créations humaines beauté de la voûte "on n'inventera jamais rien de plus génial que la voûte"; beauté de cet antique cadran d'horloge qui ravit l'âme de Frédéric II; beauté des habits de fête dans l'épisode si théâtral et si musical de la chasse au loup... On s'étonnera peut-être que, parmi les diverses formes du divertissement, celui de l'amour ne joue à peu près aucun rôle. Certes, il y a l'amitié amoureuse de Saucisse pour Langlois. Mais pour celui-ci, pas plus apparemment que pour l'expérience amoureuse ne compte comme divertissement qui vaille peut-être parce que la routine conjugale, auprès d'une "brodeuse", tue le divertissement d'où l'échec patent de l'expérience "Delphine"& Pourtant elle n'est pas une brodeuse loin de là. Dernière forme de divertissement - la plus étrange, la plus puissante et la plus dangereuse -, cet état singulier de "distraction", en forme de fascination hypnotique, qui s'empare de quelques personnages. Bergues, le braconnier, semble s'y être abandonné alors qu'il poursuivait le tueur inconnu "...il se mit à dire des choses bizarres; et, par exemple, que "le sang sur la neige, très propre, rouge et blanc, c'était très beau" ". Et le Narrateur de commenter "Je pense à Perceval hypnotisé, endormi". Cet "endormissement" comme sous hypnose se retrouve plusieurs fois dans le roman c'est celui du loup contemplant sur la neige le sang du chien "il a l'air aussi endormi que nous", commente le narrateur; celui de Langlois s'abîmant dans la contemplation du portrait de puis émergeant de son fauteuil "les yeux gonflés de quelqu'un qui vient de se réveiller"; et, bien sûr celui du même Langlois dans la scène chez Anselmie "Il était toujours au même endroit. Planté. Il regardait à ses pieds le sang de l'oie". Il faut aussi rapprocher de ces scènes celle où reste sous le hêtre, sans souci de l'orage, dans un état d'abandon heureux, "dans une sorte de contentement manifeste". Moments d'intense contemplation, moments d'extase où semblent se révéler au contemplateur - homme ou loup - la vérité du monde, de la vie, et de sa propre existence. Comment trouver des cours de français en ligne ? Evénements historiques Les références aux événements historiques contemporains de l'action sont très rares. Seules interviennent quelques allusions à des épisodes de la conquête de l'Algérie, simple occasion pour Saucisse de faire valoir la détermination et le courage de Langlois en des circonstances périlleuses. La seule allusion au régime politique de la Monarchie de Juillet, sous lequel a lieu l'essentiel de l'action, est la présence d'un buste de Louis-Philippe dans la salle de la mairie de Chichilianne, buste désigné par Langlois à Frédéric II avec une désinvolture qui en dit long sur son dédain que partage sans doute Giono pour les puissants du jour. Plus frappante encore est l'absence de toute allusion à la Révolution de 1848, qui débute en février, peu de temps avant le voyage de Langlois et de Saucisse à Grenoble. Dans cette ville, personne ne semble se soucier ni même être au courant de l'agitation parisienne. Histoire rime à peu près avec transitoire; or, ce que le romancier veut mettre en lumière, c'est la permanence et la répétition à travers le temps d'expériences sur lesquelles l'Histoire n'a pas de prise Voir "Permanence" . Même laconisme pour les Aztèques et Christophe Colomb. Frontières entre les éléments, entre les règnes Elles sont constamment transgressées, effacées, par le jeu des métaphores, des comparaisons, des personnifications, qui jettent des ponts, concluent des alliances, posent des équivalences et des identités entre les éléments terre, eau, air, feu et les règnes minéral, végétal, animal, humain, divin. La présentation du hêtre, dès la première page, inaugure cette circulation incessante sa nature est triple, à la fois végétale, humaine et divine. On retrouve ce mélange des règnes dans la description des montagnes et de la forêt à l'automne, et dans bien d'autres passages. Le personnage de incarne ce rêve d'abolir les frontières entre les règnes il est l'homme-loup, l'homme-animal. Mais c'est aussi un dieu quand il l'aperçoit sous le hêtre, parfaitement tranquille dans le déchaînement de l'orage, Frédéric II voit en lui un homme dénaturé c'est qu'il semble ignorer la peur; donc c'est un dieu& Quand plus tard il le poursuit sur les pentes de l'Archat, Frédéric II connaît l'ivresse de se sentir tour à tour renard, oiseau, esprit, et ce n'est pas sans peine qu'il se dépouillera "d'une peau de renard qui était presque une peau de loup". Langlois connaît la même tentation, mais il y résiste. En tuant puis en tuant le loup, puis en se tuant, il réaffirme la nécessité de frontières qu'un homme ne doit pas franchir, sous peine de se perdre. Ainsi s'explique le choix du suicide, ultime barrière dressée contre la tentation de devenir loup à son tour, mais aussi moyen de rejoindre enfin l'unité perdue "c'était la tête de Langlois qui prenait, enfin, les dimensions de l'univers". Mais ce choix tragique, pas plus que le meurtre de puis du loup, n'est une véritable solution; ce n'est que la sanction d'un échec. La résolution des antagonismes et l'abolition des frontières ne sont permises à l'homme que dans l'expérience poétique. Langlois n'est pas le vrai héros du roman ce héros, c'est le prince des métaphores, le narrateur, figure idéale de l'écrivain. Initiation Un roi sans divertissement peut se lire comme le récit d'une - ou plutôt de plusieurs expériences initiatiques. Le lecteur est convié à participer à ces initiations, donc à s'initier lui-même en apprenant à voir et à comprendre ce qui se cache sous les apparences ou ce qu'elles révèlent. La présence, dans les premières pages du roman, d'évocations à forte connotation religieuse, l'y prépare. Ainsi le hêtre de la scierie est assimilé avec insistance à une divinité il évoque d'abord au narrateur la figure d'Apollon citharède, puis il est décrit plutôt comme une divinité du panthéon hindou Shiva. De même, les connotations religieuses abondent dans la page sur la forêt au début de l'automne nous sommes invités à reconnaître dans "les fresques du monastère des montagnes" les vérités qu'elles proclament, et à les méditer. On doit considérer comme l'initiateur de Langlois à des vérités dont il ne prendra une pleine conscience qu'à la fin du récit. Dans la première partie, le travail d'investigation policière auquel se livre Langlois lui permet de franchir sans qu'il en ait peut-être une claire conscience les premières étapes de son parcours initiatique. Méditant sur les mobiles du tueur inconnu, il prend d'abord conscience que celui-ci n'est "peut-être pas un monstre", c'est-à-dire qu'il est un homme comme lui, et en qui il peut se reconnaître, de qui il peut apprendre quelque chose d'essentiel. Il découvre aussi le mobile profond de l'inconnu - la quête du divertissement -, mobile lié à une soif de beauté, qui trouve à s'apaiser momentanément dans le spectacle de la cérémonie de la messe de minuit. Cela suffit pour que Langlois réserve à une exécution "sommaire" qui peut se comprendre comme un geste de respect il lui évite ainsi les suites infâmantes et dégradantes de l'arrestation, de la prison, du procès, de la condamnation à mort. Il lui permet, en somme de partir "en beauté", en gardant son mystère. Mais à ce stade, Langlois n'a fait qu'effleurer ce mystère et son initiation doit se poursuivre. Là est la vraie raison de son retour à la montagne, sur la double piste du mystère de et de celui de la Nature. Aux témoins de ce retour, il apparaît transfiguré. Tous sont frappés par sa réserve silencieuse, par son austérité monacale "Il était comme ces moines qui sont obligés de faire effort pour s'arracher d'où ils sont et venir où vous êtes". Dès lors, le récit est ponctué par les étapes de l'initiation délibérément poursuivie par le héros. Il s'agit pour lui, dans une quête "pascalienne", de peser la valeur et la puissance des formes du divertissement chasse, fêtes, mariage, meurtre. Cette quête s'effectue dans un climat de cérémonial religieux la chasse au loup, de contemplation méditative et extatique chez la "brodeuse", il s'abîme dans la contemplation silencieuse et prolongée du portrait de véritable "icône" . La scène est d'ailleurs chargée de connotations religieuses dans cette salle d'un ancien couvent, des objets précieux évoquant des ornements sacrés brillent d'un faible éclat dans une obscurité de sanctuaire. Rituel de communion, puisqu'il s'agit pour Langlois, comme il le dit à Saucisse et à Mme Tim, de "se mettre dans la peau" dans la peau de qui, sinon de ? En tout cas, il a été bouleversé par cette visite, comme en témoigne l'inquiétude de ses amis, qui craignent alors de le "perdre". Le comble de l'extase contemplative et le dernier stade de l'initiation sont atteints comme chez le Perceval de Chrétien de Troyes dans l'épisode du sang de l'oie sur la neige. Notons à cette occasion l'importance de la répétition de gestes à valeur rituelle l'exécution du loup répète celle de le face-à-face avec le portrait prolonge l'entrevue dans la maison de Chichilianne, la contemplation du sang de l'oie sacrifiée renouvelle des scènes analogues, elles-mêmes répétées, mais auxquelles Langlois n'a pas assisté. Dans cette scène capitale s'achève le rituel d'initiation, devenu un rituel de possession. La fonction d'initiateur dévolue à apparaît aussi quand il est poursuivi, d'abord par Bergues, puis par Frédéric II. Bergues rentre bredouille mais profondément troublé par la beauté du sang sur la neige, et donc, lui aussi, momentanément "devenu Poursuivi par Frédéric II, ne s'enfuit pas, il s'éloigne tranquillement, laissant à son poursuivant la possibilité de ne jamais le perdre, et sachant peut-être très bien qu'il est suivi. Entraîné dans cette poursuite, Frédéric II accède à une expérience de lui-même et du monde absolument inconnue de lui. Ne pensant "qu'à mettre ses pas dans les pas" de l'inconnu, "il était devenu renard". " Tout gros qu'il était, il était devenu silencieux et aérien, il se déplaçait comme un oiseau ou comme un esprit. Il allait de taillis en taillis sans laisser de traces. Avec son sens primitif du monde, il dira "Sans toucher terre." Entièrement différent du Frédéric II de la dynastie de la scierie; plus du tout sur la terre où il faut scier du bois pour gagner de quoi nourrir Frédéric III; dans un nouveau monde lui aussi; où il fallait avoir des qualités aventurières. Heureux d'une nouvelle manière extraordinaire! ". Ayant ainsi pénétré, à la suite de dans un monde sauvage dont nous portons en nous le souvenir obscurci et la nostalgie, Frédéric, approchant de Chichilianne, restera "souffle coupé, un long moment à attendre que revienne l'accord avec le toit et la fumée". Loup Figure centrale du roman. Dès le début, le narrateur trouve dans la bibliothèque de Sazerat une importante iconographie sur le loup-garou homme devenu ou redevenu loup. Le comportement de évoque celui d'un loup l'hiver le fait sortir de son repaire; il s'attaque à des proies isolées qu'il emporte; il semble mû par une cruauté "gratuite" et par le goût du sang. La disparition de Bergues déclenche au village "une terreur de troupeau de moutons". Après la mort de c'est avec le titre de commandant de louveterie que Langlois reparaît au village. le retour de l'hiver, particulièrement glacial, fait sortir les loups du bois. Langlois en abat quelques uns, mais voici que s'en manifeste un, tout-à-fait exceptionnel. Son comportement fait penser à celui de même habileté diabolique et même "prodigieuse confiance en soi"; même exercice gratuit de la cruauté "Treize brebis étaient éventrées, semblait-il, pour le plaisir de s'agacer les dents dans la laine". D'emblée le vieillard-narrateur le personnifie "c'était certainement un monsieur dont il fallait éviter les brisées au coin d'un bois". Son imagination le transfigure en un être mythique, une sorte de dragon "ça ne devait plus être un loup. Savez-vous comment je me l'imaginais ? ça n'a pas de sens commun. Je me l'imaginais comme une énorme oreille à vif, où toute notre musique tournait en venin, et ce venin elle ne le versait pas dans un loup. Ah! mais non, j'imaginais que cette oreille était comme un entonnoir embouché dans les queues d'un paquet de mille vipères grosses comme le bras, et que c'est dans ces vipères que le venin était bourré comme le sang dans un boudin". Le vieillard-narrateur pressent aussi que le loup, pas plus que avant lui, ne songe à tenter d'échapper à son destin "Est-ce que, par hasard, le Monsieur n'attendrait pas tout simplement la mort que nous lui apportons sur un plateau ?". L'exécution du loup par Langlois est la répétition de celle de "Ainsi donc, tout ça, pour en arriver encore une fois à ces deux coups de pistolet tirés à la diable, après un petit conciliabule muet entre l'expéditeur et l'encaisseur de mort subite !". Mais cette fois, comme Saucisse s'en aperçoit, Langlois regrette d'avoir dû en venir là "Il se rendait bien compte que ça n'était pas une solution". Tuer tuer le loup, c'est peut-être tuer une part de lui-même. Son tour est venu en effet de découvrir la part de loup qu'il porte en lui. Et c'est à nouveau Saucisse qui s'en rend compte. A Saint-Baudille, lors de la fête que Mme Tim a préparée pour lui, dans l'espoir de l'apprivoiser, Saucisse imagine les pensées secrètes de son ami "C'est pourquoi, à pattes pelues, avec les belles ondulations de reins qui rampent et les sauts dans lesquels je me déclenche comme un long oiseau gris, je vous souris, Mme Tim, d'un sourire où sont peints tous les charmes de cette belle journée, depuis les lointaines montagnes de perles sur tapis de blés roses jusqu'à ces faux espaces libres en lin gris que vous avez eu l'intelligence de faire serpenter autour de la chambre où l'on a déposé mon petit bagage de loup". Permanence Le roman met en lumière des traits permanents, aussi bien dans la Nature que dans les affaires humaines. Autour du village, le paysage naturel n'a pas changé. L'automne déploie ses fresques ensanglantées aujourd'hui comme il y a un siècle. Le hêtre de la scierie est toujours debout, aussi beau en 1946 qu'en 1843. La venue de l'hiver efface toujours les contours du paysage sous la neige, faisant renaître les inquiétudes ancestrales "dehors, dans des temps qui ne sont pas modernes mais éternels, rôdent les menaces éternelles" , et les lecteurs du roman auraient intérêt à se rappeler que "la vie ne manque pas d'assassins à foulards, de découpeurs d'hiéroglyphes de sang, d'hivers 1843". Permanence aussi du côté des communautés humaines le village est à peu près inchangé depuis 1843; le Cercle des travailleurs, fondé vers 1845, y fonctionne toujours; la bâtisse de l'auberge se dresse toujours sur le col, ornée d'une réclame pour Texaco, seule concession apparente à la modernité. L'un ou l'autre des descendants des villageois de 1843 possède une maison, une grange, héritée de ses ancêtres. Permanence de la voûte, simple extrapolation architecturale de la caverne préhistorique "on n'a jamais rien inventé, ... on n'inventera jamais rien de plus génial que la voûte". Permanence de l'humain dans l'humain, mise en valeur par la place accordée par Giono aux dynasties villageoises. Frédéric II survit dans son petit-fils Frédéric IV, actuel propriétaire de la scierie, et qui conserve chez lui le portrait de son aïeul, comme Honorius conserve les photos d'Anselmie et de Callas Delphin-Jules dans leur maison dont il a hérité par sa femme. La femme de Raoul, descendante de Marie Chazottes, permet de se faire une idée de l'aspect physique de la première victime de Et Ravanel devait rassembler au Ravanel qui conduit les camions en 1946. Quant à l'histoire tragique des deux protagonistes du roman, et Langlois, elle met en lumière la permanence en l'homme de tentations incontournables et puissantes. C'est sans doute pour ne pas succomber à l'une d'elles et pour en satisfaire une autre que Langlois se suicide. Sang Motif récurrent et associé à des épisodes-clés, le sang attire et fascine. Voir couler le sang constitue sans doute le mobile essentiel de Il entaille "de partout" le cochon de Ravanel, "de plus de cent entailles", "faites avec plaisir". Quand Ravanel frotte la bête avec de la neige pour la nettoyer, "on voyait le suintement du sang réapparaître et dessiner comme les lettres d'un langage barbare, inconnu". Si choisit Callas Delphin-Jules, c'est que "Delphin était construit en chair rouge, en bonne viande bourrée de sang". Le sang rouge qui coule d'une blessure fraîche offre un spectacle d'une rare beauté. C'est la plus belle de toutes les couleurs. Dans la forêt à l'automne, "l'ouest, badigeonné de pourpre, saigne sur des rochers qui sont incontestablement bien plus beaux sanglants que ce qu'ils étaient d'ordinaire rose satiné ou du plus bel azur commun dont les peignaient les soirs d'été". Mais c'est quand vient la neige que, se détachant sur sa blancheur, en un alliage de couleurs pures, le sang est le plus beau. Cette association émouvante apparaît dès le début du récit quand le narrateur évoque l'ombre des fenêtres "le papillonnement de la neige qui tombe l'éclaircit et la rend d'un rose sang frais". Quand Ravanel blesse d'un coup de fusil, Bergues le suit à la trace de son sang sur la neige "C'était du sang en gouttes, très frais, pur, sur la neige". Et Bergues est fasciné par "ces belles traces de sang frais sur la neige vierge". Fasciné au point d'en reparler le soir, dans l'égarement de l'ivresse "le sang, le sang sur la neige, très propre, rouge et blanc, c'était très beau". Le même motif reparaît dans l'épisode de la mort du même Bergues. A l'endroit où il a été tué, Langlois retrouve "une grande plaque de neige agglomérée avec du sang". Plus loin ,lorsque les chasseurs cernent le loup, qui vient d'égorger le chien de Curnier, au pied de la falaise du fond de Chalamont, "la neige est pleine de sang". Sur un mode indirect et mineur, l'association du rouge et du blanc, mais aussi du chaud et du froid, reparaît à propos de Mme Tim, qui, jeune fille, a été pensionnaire d'un couvent situé "près d'un volcan et d'un glacier". Tous ces moments nous préparent à la scène qui vient à la fin du roman, quand Langlois descend chez Anselmie et lui demande de sacrifier pour lui une de ses oies. "Il l'a regardée saigner dans la neige". Puis il reste longuement immobile dans la contemplation de ce sang sur la neige. De tels moment ont valeur d'initiation à une vérité essentielle. Dès le début su récit, quand Bergues "délire" à propos de la beauté du sang sur la neige, le narrateur évoque la scène célèbre du Conte du Graal de Chrétien de Troyes, où Perceval reste en extase devant le spectacle sur la neige du sang d'oies sauvages blessées. Réminiscence de son amour passif, chaste et contemplatif pour Blanchefleur. Chez Giono, la même extase ouvre sur d'autre vérités celle de l'alliance profonde et sacrée de la vie et de la mort - alliance manifestée aussi par le motif du hêtre -, celle aussi de la cruauté fondamentale et nécessaire du monde les enduits sanglants des fresques du "monastère des montagnes" que sont les forêts à l'automne "facilitent l'acceptation de la cruauté et délivrent les sacrificateurs de tout remords". Alors se dévoile "un autre système de références" " ... les couteaux d'obsidienne des prêtres de Quetzacoatl s'enfoncent logiquement dans des cSurs choisis. Nous en sommes avertis par la beauté." Mais ce contraste rouge-blanc se retrouve aussi dans la messe par le vin et l'hostie comme dans les flacons de vin pourpre sur le blanc de la table du banquet à St-Baudille.
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